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LES CERISIERS ONT ENVAHI LES ESPACES COMME INCENDIE

Fait à partir d’un spectacle qu’a conçu et chorégraphié Jocelyne Montpetit avec la danseuse japonaise Tomiko Takai, une des pionnières du Butô, ce film propose un métissage de deux cultures qui s’expriment à travers le paysage de deux corps de femmes d’âge différent.«Ce qui m’intéresse dans la danse Butô, c’est que nous sommes devant quelque chose de troublant qui bouleverse nos repères perceptifs habituels, dit Mireille Dansereau. Quelque chose de lent, qui aspire au spirituel, loin de la performance, qui fait partie d’une recherche du “féminin”. Arriver à rendre l’invisible, visible. Arriver à rendre l’intérieur vivant du corps des danseuses. « DANCING THE INTERNAL BODY ».

LOUISIANE pour mémoire

LOUISIANE POUR MEMOIRE

Une cinéaste se rend dans une classe de littérature d’une université de Louisiane présenter Le Sourd dans la ville, un de ses longs métrages adapté d’un roman de Marie-Claire Blais, qui y est aussi invitée.

A partir de cette rencontre sur l’interaction entre I’image et I’écrit, Mireille Dansereau développe un discours sur la mémoire: l’action, montée et commentée en 2005, se passe en 2001 et fait référence à un film de 1987 dont on montre quelques extraits, qui suscitent des réflexions d’universitaires qu’on aurait voulu entendre de manière plus substantielle. Mais là n’est pas le propos de la réalisatrice, ce sont plutôt les flâneries d’une cinéaste solitaire, découvrant en touriste une Nouvelle-Orléans iconique. Le nombre d’actes manqués, de périples avortés dans ce film est assez étonnant et on en apprend assez peu sur 1’ancëtre 1ouisianais de la cinéaste et sur sa situation dans cette contrée. Ce journal de voyage différent, fait de rencontres ratées avec des statues qui bougent, de bouffées de souvenirs sur la danse, Londres et le temps qui passe, devient un attachant autoportrait fragmenté de cette cinéaste. Luc CHAPUT.

EVA

HOMMAGE À EVA VON GENCSY

La carrière d’Eva Von Gencsy, ballerine d’origine hongroise, est  inévitablement liée aux débuts du professionnalisme en danse dans le Canada  entier. Von Gencsy fit partie des Ballets Chiriaeff, et de la première génération  de danseurs des Grands Ballets Canadiens.

Mais c’est dans la prochaine étape de sa carrière que le travail de Von Gencsy marque profondément la société québécoise.  Elle y façonne un style hybride connu sous le nom de ballet-jazz, style qu’elle présente et enseigne avec son charisme habituel.

Grâce à la création des Ballets Jazz de Montréal en 1972 par Geneviève Salbaing, Eva et Eddy Toussaint, un de ses fervents élèves, ce style se propage à l’intérieur des diverses écoles de danse affiliées à la compagnie et des milliers de jeunes cherchent à imiter son style. Von Gencsy a été maître et mentor de  plusieurs générations toute une génération d’amateurs de la danse – au plein sens de ce mot.  Son style a eu un impact indéniable et connut  une popularité si grande qu’elle est encore inégalée à ce jour.

Depuis qu’elle a quitté la compagnie qu’elle a co-fondée, Eva Von Gencsy parcourt le monde, donnant des classes de maître et faisant preuve de la même ardeur et charisme face à son art.

Pour moi, comme pour tant d’autres, le ballet-jazz m’a permis de dépasser le classique et d’accéder à des styles plus hermétiques mais plus contemporains.  Le jazz fut un moment préviégié, un passage obligé, créant un pont entre la retenue du code balletique et l’exploration de l’avant-garde chorégraphique.

Dancer, teacher extraordinaire, choregrapher and most of all dance lover, Eva Von Gencsy is a living legend.  Her high energy, popular type of dancing has freed the body and paved the way for the next round of movement styles that were just as exuberant, energetic  and sexual, their  rising popularity reflecting the changing social  needs of the time. Eva von Gencsy, we salute your work and thank you for it.

Chère Eva, nous rendons hommage à votre  art, votre dévouement et votre enseignement.

DANNY LE MONTAGNAIS

L'IDÉE NOIRE

O-OBSESSION

DUO POUR UNE SOLISTE

LES CHEVEUX EN QUATRE

LES MARCHÉS DE LONDRES

FEMME CINÉASTE …

Mireille Dansereau va, d’instinct, vers un cinéma du “je”, qui parle d’elle, même quand elle présente ses films comme des oeuvres de fiction… Son court métrage Les marchés de Londres présenté au Festival des films du Monde 1996 dans la section Panorama Canada, est fait d’images en noirs et blanc qu’elle a tournées à Londres où elle étudiait le cinéma en 1969. Images magnifiques – prises dans les pubs, autour des marchés publics – qu’elle a conservées sous forme de film inachevé. Et puis un jour, elle s’est dit que ces images étaient trop belles pour ne pas les montrer. Mais comment les présenter? Elle a imaginé une narration en voix off, une femme qui dit en parlant des personnages de son documentaire “ Ils sont si vivants … qu’est-ce que je pouvais faire d’autre à part les filmer? Serge Dussault – La Presse 29-8-96

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Mireille Dansereau présente enfin Les marchés de Londres

Le documentaire, en noir et blanc, tourné en 1969 alors que Mireille Dansereau était étudiante au Royal College of Art, prend une toute nouvelle dimension avec le montage récent, la musique d’Anne Lauber et la narration fictive (par Louise Marleau et Claude Gauthier en voix off) qui nous entraîne dans une histoire d’amour chargée de nostalgie et de tendresse. … Comme Mireille Dansereau se situe depuis de nombreuses années entre la fiction et la réalité, elle a inventé pour Les marchés de Londres un lien génial entre l’image (documentaire) et le dialogue (fictif); c’est l’histoire d’amour naissante entre un homme et une femme. Un amour que le spectateur a aussi voluptueusement l’impression de vivre… Raymonde Bergeron – Journal de Montréal 13-9-96

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LES MARCHÉS DE LONDRES DE MIREILLE DANSEREAU

Dès le début, nous sommes contournés, pris à revers, grâce à une ruse étonnante de Mireille Dansereau. Car le documentaire n’est pas “commenté” ainsi qu’il est d’usage. Non, il est “souvenu”. Nous voyons le réel de 1969, mais un monologue évoque une aventure plus ou moins rêvée, vécue dans le temps du tournage et souvenu en 1996. À ce niveau de souvenance s’ajoute le dialogue d’un couple dont les propos se nourrissent des images et des propos de l’époque. La mémoire n’est plus au premier plan le document filmé (les images sont là pour ça), mais au plan égal les émotions personnelles entourant la création. Nous comprenons ainsi que si les images sont immuables – alors que nombreux doivent être les personnages fixés sur la pellicule qui ont rejoint depuis, le peuple des cimetières – la mémoire est en constante mouvance. Le film a donc deux dimensions, deux regards, deux écoutes, deux sensibilités, deux mémoires, voilà qui vivifient l’intérêt et le plaisir. Ainsi les gens filmés ne sont plus seulement sujets de camera, mais objets de mémoire. Oh ! bien sûr, un moment, je n’ai pu m’empêcher, en ayant compris le procédé des voix off hors sujet, de penser à Duras. Mais si Duras m’a toujours énervé et que Dansereau m’a séduit, c’est qu’il y a la différence essentielle entre un procédé venu que d’intelligence et un procédé venu aussi du coeur. Duras, matière solide, Dansereau, matière liquide. Alain Cuniot – 5 septembre 1996.

LES SEINS DANS LA TÊTE

LES SEINS DANS LA TÊTE

Alors que le cancer du sein frappe une femme sur neuf, qu’on peut les grossir ou les réduire, et qu’on les montre sur les plages, Mireille Dansereau a consacré cinquante-deux minutes à la partie du corps humain la plus représentéee de l’histoire de l’art le sein. Quelques « images de fiction » lient habilement des témoignages tour à tour drôles, tendres, surprenants ou touchants de la culturiste qui parle du « corps idéal » à l’adolescente qui découvre la séduction, en passant par une grand-mère qui du maillot de bain rouge de sa jeunesse au cancer qu’elle vient de vivre, est à l’image du film, légère et grave. Un petit film agréable dans lequel la réalisatrice de l’Arrache-cœur et Le sourd dans la ville découvre ce sein qu’on ne saurait cacher… Eric Fourlanty – VOIR 

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LA PRESSE, MONTRÉAL, SAMEDI 17 SEPTEMBRE 1994
Un titre piquant
Serge Dussault La Presse

Les Seins dans la fête… Petit documentaire de Mireille Dansereau dont le titre pique la curiosi­té. Oui, il est Question de séduc­tion et d’érotisme. Du plaisir pour soi et pour les autres. Mais aussi des traumatismes de belles «qui n’en ont pas», ou de trop petits; de celles pour qui la na­ture a été d’une prodigalité gê­nante. Et, dans ce film souriant, la note grave, le cancer, l’amputation, dont on parle avec émotion, mais sans braillage inutile.

Mireille Dansereau a choisi de nous montrer des images de plage et d’été, des images de soleil. 11 y a les petites filles qui rêvent, les adolescentes timides, les garçons qui veulent toucher, les mères plantureuses, les grand-mères qui n’ont pas oublié.

Premier étonnement: les fem­mes. du moins dans le film de Mme Dansereau, accordent  au sein une importance énorme. Symbole de leur féminité, une façon de plaire, d’être à l’image des images de… la vie rêvée. Le seinqui accueille et nourrit., «Confort, beauté et bonté» comme comme dit une intervenante. La vie,  en  somme, la chaleur. Presque le soleil…

Et le cancer, le terrible cancer du sein? Celles qui en parlent dans le film le font sans dramatiser. Pourtant pas résignées. Mais lucides.

Le fîlm est court, même pas une heure. Tourné par un homme aurait été tout autre. Avec Mireille Dansereau, il a presque le ton d’une confidence. Et un accent vérité, une sincérité qui font l’intérêt de tous les films.

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Ces seins qui nous obsèdent…

Trop gros, trop petits, trop mous, on en est rarement satisfaite. Du soutien-gorge gonflable au scalpel du chirurgien, on court après la perfection, mais quand la maladie frappe, c’est une autre histoire…

par Monique Roy

Dans le film Les seins dons la tête, les petites filles rêvent de ressembler à “Barbie”.

Sur une plage du Maine, une fille de 17 ans savoure un cornet de crème glacée à la pistache. Mince, de longues jambes bronzées (c’était avant le spectre du cancer), pieds nus, elle porte un short écossais et une chemise rouge. En face d’elle, son amoureux de l’été lui lance : « Tu es drôlement bien de la taille jusqu’en bas mais en haut, ça manque un peu d’étoffe… »

« Encore aujourd’hui, raconte Jacqueline, penser à cette remarque me fait monter le rouge au front… parce que dès l’âge de 13 ans, mes frères me harcelaient : planche à repasser ! planche à repasser ! (c’était l’injure de l’époque),j’étais convaincue que personne ne m’aimerait à cause de mes petits seins. J’ai voulu disparaître, me dissoudre dans le sable. Ces mois qui confirmaient les sarcasmes de mes frères m’avaient démolie et je ne les ai jamais oubliés. » Ironie du son, c’est sur cette même plage que,  30 ans plus tard, la cinéaste Mireille Dansereau a planté le décor de son seizième film. Les seins dans la tête. « Comme dans tous mes films, je pose des questions, mais je n’ai pas de solution, à chacune la sienne. » C’est pendant la controverse autour des prothèses mammaires que Mireille Dansereau a conçu le projet de ce film sur les seins, ce sujet la taraudant depuis que sa mère, la joaillière Madeleine Dansereau, décédée il y a deux ans, avait eu un cancer du sein.

<Je voulais savoir jusqu’où les femmes sont prêtes à aller pour satisfaire aux canons de l’esthétique qui a remplacé l’érotisme dans la représentation symbolique des seins, risquant même d’hypothéquer leur santé. »

Dans Le mythe de la beauté, l’auteure américaine Naomi Wolfe affirme, statistiques à l’appui, que 92 % des femmes sont insatisfaites de leurs seins. Terrifiant glissement de l’être au profit du paraître, les femmes étant coupées de leur corps biologique. Seules certaines scènes de la vie quotidienne nous renvoient à la simplicité du corps. Une petite fille de huit mois qui s’endort, repue, sa menotte potelée sur le sein de sa maman, voilà l’essence même de la vie, trop souvent oubliée, avalée par l’image…

Je serai belle comme dans les magazines…

La plage où l’on se dénude naturellement devient aussi le lieu où toutes, de 7 à 77 ans, sont renvoyées à leur image, à leur corps, à leurs seins, à la séduction. Dans le film, trois fillettes, jouant avec leur Barbie, se projettent dans l’avenir s’imaginant avec des seins de rêve. Une adolescente est fière de sa trouvaille : un soutien-gorge bikini muni d’un gonfleur!

Les femmes ne savent plus à quel sein se vouer. L’une en a trop, l’autre pas assez, une troisième ne se console pas d’avoir perdu sa poitrine d’avant ses grossesses.

Se doute-t-il, ce chirurgien esthétique, combien la scène tournée dans son cabinet est gênante pour toutes les femmes, comme une atteinte à leur dignité ? Est-il conscient, quand il déroule son mètre à mesurer comme un couturier devant un patron mal taillé, parlant d’un ton monocorde et barbouillant des croquis, du désarroi qu’expriment les yeux bleus de la femme qui lui fait face ? « Non. Dans votre cas, des prothèses ça ne serait pas beau, on ne rapetisse pas une robe n’impone comment… » Le verdict est tombé ! « Vous pouvez remettre votre blouse. » A la suivante.

Marianne, elle, est passée sous le scalpel du chirurgien. « A 17 ans.j’étais plaie comme ma mère, comme mes sœurs. Je n’étais pas encore menstruée et le médecin m’a prescrit la pilule. Subitement ma poitrine s’est mise à pousser. J’étais maigre, avec des seins énormes… Ma mère ne cessait de me répéter que j’agaçais les garçons, comme si c’était délibéré de ma part, et plus elle m’en parlait, plus j’étais provocante. »

Un jour, Marianne en a eu assez. Sans en parler à personne, elle est allée consulter le seul chirurgien esthétique de sa pente ville et a subi une opération pour diminuer la taille de ses seins. « Quand je suis rentrée à la maison, ma mère m’a engueulée, comme si elle ne s’était pas rendu compte que c’était à cause de ses remarques que j’étais devenue obsédée. Le médecin a raté son coup et après avoir eu des complexes à cause de mes seins, j’en ai eu à cause de mes cicatrices… J’aurais pu me faire réopérer mais je n’avais pas envie de dépenser 2 000$, ni de repasser par la chirurgie, ”merci, J’ai appris à vivre avec… »

Marianne est devenue massothérapeute, peut-être un peu pour essayer de comprendre les messages subliminaux du corps. Le sein, c’est le symbole de la féminité. Au début, j’avisais mes chums : “j’ai des cicatrices…” Eux ne voyaient rien, on prête souvent aux gars nos bibites, nos fantasmes. Plus tard, j’ai eu besoin de faire un dernier pas pour me libérer, je me suis fait photographier nue, je voulais voir mes cicatrices. Aujourd’hui je les accepte, ça ne me dérange plus. » Marianne ne regrette pas, « mais je ne le referais plus. Un temps, j’ai pensé me faire retoucher le nez mais pour moi, toute opération esthétique est désormais exclue, mon nez je le garde tel qu’il est. Une fois m’a suffi. »

Quand l’image ne colle pas à la réalité

Dans son film, Mireille Dansereau a voulu donner la parole aux femmes. « Ce sont souvent les hommes qui commentent les seins : les poètes les chantent; les écrivains les glorifient; les machos en rient avec leurs grosses farces plates; les chirurgiens esthétiques les jugent du haut de leur technique; les couturiers et les publicitaires imposent leurs diktats… Toute une société masculine renvoie une image idéale à laquelle les femmes veulent se conformer à leurs risques et périls.» Et à force de rechercher l’image idéale, on passe à côté de sa vie. Petite fille potelée, adolescente boulotte, Maude n’a jamais pensé spécifiquement à ses seins, s’apercevant à peine, vers l’âge de 10 ans, qu’ils avaient poussé. « Ils faisaient partie d’un tout que je n’aimais pas : mon corps. » A 25 ans, elle décide de maigrir, devenant presque anorexique afin d’atteindre « son » poids idéal. Pourtant, ce corps, elle ne l’aime pas davantage.

Alors commence la ronde des chirurgiens. Elle décide de se faire remonter les seins, affaisses par la pêne de graisse. Opération, prothèses, allergies, ça se passe plutôt mal pour elle. Depuis, Claude n’en finit plus d’avoir des problèmes : écoulements, infections à répétition, virus, inconfort. Nouvelles consultations. Certains médecins sont paternalistes, d’autres, carrément méprisants : « Ma petite madame, vous avez repris du poids, c’est de votre faute… Si on enlève vos prothèses vous aurez l’air de quoi ? Mais c’est dans votre tête tout ça… “.

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LES SEINS DANS LA TÊTE

Sur la plage éclaboussée de soleil, c’est la « ronde des nichons ». Gros ou petits, mappemondes ou radis, ils fleurissent, les seins, en un bouquet coquin. Regardez-les! Ils sautillent, s’exhibent, se lovent dans le sable ou se laissent caresser par une petite main dodue.

Là-bas, trois fillettes décrivent ceux qu’elles auront, en tâtant ceux de leur “Barbie”. Une adolescente étrenne les siens sertis dans un bikini gonflable, sous le regard du garçon qui, tout à l’heure, en sculptait près des vagues. Près de là, une grand-mère évoque le maillot rouge qui moulait les siens, avant, bien avant d’en laisser un sous le scalpel… Et une enfant curieuse s’informe .carrément : « À quoi ça sert, les seins, maman ? » Leurs voix à toutes s’entrecroisent en un chœur amusé, joies et regrets mêlés. Autour d’elles, flottent des odeurs de crème solaire, d’eau salée, de vacances.

Que disent-elles ? Que les seins sont des appendices lourds de sens, à la fois nourriciers et érotiques, familiers et mystérieux, objets de plaisir et de doute. Tellement au cœur de leur image d’elles-mêmes, de leur identité, qu’elles les portent aussi… dans leur tête!                               .

Adolescentes, mères de famille, lesbienne, culturiste ou danseuse, elles racontent « leurs » seins. Elles se rappellent les angoisses de l’âge tendre : avoir des « œufs au plat » à l’époque de Bardot et se penser infirme, se voûter pour abriter une poitrine abondante, et dans tous les cas, conforme ou non, affronter les œillades rayons X des garçons. « Serai-je aimée comme je suis ? »

Confrontées aux seins trop parfaits des “top models”, la plupart ont appris à « se faire des amis de leurs seins ” D’autres, incapables de renoncer aux seins rêvés, se sont tournées vers la chirurgie esthétique, malgré les séquelles. Pour toutes, les seins sont des armes de séduction et des outils de plaisir. Au-delà de l’érotisme, ce sont aussi des symboles de chaleur maternelle, de réconfort. Des mères évoquent le bonheur troublant de l’allaitement, la sensualité pure de ce contact privilégié.

Et puis, de l’autre côté de la joie, elles racontent la douleur… Le cancer du sein, cette terreur secrète commune à la plupart, frappe une femme sur neuf. Perdre un sein, c’est perdre — plus que son intégrité physique et sa confiance en soi — une partie de son identité. « Même la nuit, dit la grand-mère, camouflage et prothèse n’y peuvent rien. »

Ensemble, ces femmes tracent un portrait mosaïque du sein, de l’enfance à la maturité, de la séduction à la maladie, de la maternité à la chirurgie, de la tyrannie de l’image à l’acceptation de soi. En contrepoint à leurs propos drôles ou touchants, des images .de l’art et des séquences d’animation donnent à ce documentaire plein d’humour un ton impressionniste, une allure de fable moderne. – Françoise Guénette .

ENTRE ELLE ET MOI

LE SOURD DANS LA VILLE

Richard Gay L’Actualité Octobre 1987 p. 204-205

MARIE-CLAIRE BLAIS SUR GRAND ÉCRAN

Confirmant le recours au roman devant la pénurie de bons scénarios, voilà qu’après Les Fous de Bassan d’Anne Hébert, on a porté à l’écran une oeuvre d’une autre grande romancière québécoise, Le Sourd dans la ville de Marie-Claire Blais. Si Les Fous de Bassan, réalisé par Yves Simoneau, a déçu, Le Sourd dans la ville, tourné par la cinéaste Mireille Dansereau, sans être irréprochable, paraît nettement plus réussi.(…)

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Michèle Garneau et Yves Rousseau 24 Images No 55. Été 1991 p. 29

DOSSIER : L’ADAPTATION AU CINÉMA LE REGARD DU SOURD

Face à des difficultés similaires touchant la stylistique littéraire de Marie-Claire Blais, Mireille Dansereau s’en est beaucoup mieux tirée que ses collègues. Comme chez Gabrielle Roy et Anne Hébert, il y avait la difficulté d’extérioriser l’intériorité d’une parole romanesque. Le récit de Marie-Claire Blais consiste en un déroulement ininterrompu de discours intérieurs superposés. La mise en scène cinématographique des personnages du roman était ardue car ses personnages sont entièrement portés par le discours. (…)

Contrairement à Simoneau et Fournier, la cinéaste a cherché à trouver un équivalent cinématographique à la stylistique propre du roman. La grande difficulté était de préserver, en l’objectivant, ce sens subjectif. C’est en grande partie par son travail sur le son, travail de superpositions et de contrepoints sonores, que la cinéaste atteint à la même densité que l’oeuvre littéraire, qu’elle parvient à suggérer, à l’intérieur d’un seul plan ou d’une seule séquence, à la fois la réalité immédiate, environnante des personnages, et leur réalité intérieure, psychique. Si le public a quelque peu boudé le film de Dansereau, c’est qu’il est arrivé à rebrousse-poil dans le climat d’euphorie actuelle du cinéma québécois. Fidèle au roman, le film demande à son spectateur une réelle expérience cinématographique.

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Francine Montpetit Le Devoir 04 novembre 1987

DES REGARDS DE FEMMES

Existe-t-il vraiment une manière féminine de contempler la vie à travers la lentille d’une caméra? On le jurerait en suivant Florence, l’héroïne de l’histoire, qui, sans prononcer plus de vingt phrases dans tout ce film, s’attarde longuement aux gestes les plus quotidiens, témoins combien éloquents de sa vraie souffrance. Dans le livre, Florence devient l’auteure. Dans le film, elle est caméra, découvrant de cette manière un monde devenu soudain le porte-parole de sa désespérance. (…)

C’est beau, très beau. Or, Mireille Dansereau, sans nier son approche toute féminine, ce « regard » dont on parle ici, dit que d’autres cinéastes comme Bergman par exemple abordent aussi la vie et de façon géniales par petites touches « via le travail de la conscience, en rendant visible ce qui ne l’est pas ». N’importe : le tandem Blais-Dansereau envahit un territoire de sensibilité et de réflexion surgi de leurs entrailles. Un homme n’aurait pas porté la caméra de cette façon, dans son ventre, comme un enfant. Le sourd dans la ville est aussi un vivant témoignage d’une splendide évolution chez les femmes. Là encore, leur regard a tellement changé! Devenu scrutateur, juste, critique, humoristique même, il refoule la mièvrerie pour l’authenticité, le romantisme pour la réalité (…).

Des oeuvres comme celle-là en deviennent inspirantes tant elles provoquent de retours sur soi-même et de questionnements sur des thèmes fondamentaux comme la destinée, les désirs inassouvis, la dépendance amoureuse, l’espoir, les fantasmes, la mort, la solitude (…)

Entre Le Déclin et Un Zoo, succès populaires et bien mâles, il doit bien y avoir une place pour Le Sourd, succès féminin sur toute la ligne. Il illustre si bien la différence, révélant avec puissance les nouvelles attitudes des femmes et, comme dirait Friedman, la « suprenante allégresse de leurs propres forces de vie ».

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Edna Variety September 1987

A deliberately slow, downbeat drama about extreme loneliness in the big city, each character being enclosed in his own misery which he cannot transmit to anybody else, not even those closest to him, and each trying in hi own way to escape his predicament. (…)

Mostly static and brooding, Mireille Dansereau’s direction offers a grim outlook of human existence, even when it is cheerfully accepted, as in the case of Gloria, a big, handsome, vibrant woman who refuses to give in to all the tragedies around her. (…)

This unpromising vision of the world lacks a script which would lift these sketches of human suffering into full-blown characters. More than anything they look like representative types left unfocused on purpose so they can fit a large variety of cases. Dansereau’s cast either underplays, in the case of Béatrice Picard or overplays, like Angèle Coutu, but it is rarely strong enough to really affect and draw the audience into the profound sadness common to them all.

The film is remarkably well shot, has an effective soundtrack and looks very much like a labor of love carefully fashioned in its every detail, rejecting any compromise that would relieve the gloomy atmosphere. An admirable decision, to be sure, even if it may not always help sales.

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Denis Bélanger Michel Coulombe

“ L’importance d’être reconnue à l’étranger …”

Mireille Dansereau n’a pas tourné depuis sept ans. Sept ans de réflexion ? Pas du tout. Elle a enseigné le cinéma, tourné deux films pour la télévision, mis sur pied deux projets de films et coscénarisé l’adaptation du Sourd dans la ville. La réalisation du Frère André lui a échappé, son projet intitulé les Yeux fermés a dû être reporté, aussi devenait-il essentiel pour elle de réussir son premier film de commande, sa première adaptation, le Sourd dans la ville.

La thématique du film qu’on lui a commandé est tout à fait dans la continuité de ses films d’auteur. D’abord, elle présentait deux jeunes filles rêvant de l’homme idéal : la Vie rêvée. Puis, elle s’est intéressée au mariage avec J’me marie, j’me marie pas et à la famille avec Famille et variations. Enfin, dans l’Arrache-coeur, elle illustrait le retour vers la mère d’une femme mariée elle-même devenue mère.

Dans le Sourd dans la ville, Mireille Dansereau prend, pour la première fois, ses distances par rapport à son âge réel pour se tourner vers la génération de sa mère comme si elle sautait une étape. Le film raconte l’histoire de Florence, une femme dans la cinquantaine que son mari vient de quitter. Son univers bourgeois s’écroule. Elle trouve refuge dans un hôtel minable tenu par Gloria, une danseuse topless qui se prend pour la mère de l’humanité. Mike, un des enfants de Gloria, se meurt, rongé par une tumeur au cerveau. Florence découvre un monde inconnu qui lui fait oublier, un instant, l’éclatement du sien.

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Maurice Alioff Cinema Canada March 1988 p. 41

Mireille Dansereau’s new movie, Le sourd dans la ville (Deaf to the City), is a film that has both substance and style. It is tough, it is uncompromisingly serious, and Dansereau’s meticulously constructed images, her resonant moods, her sometimes hypnotic rhythms, draw you in and stay with you. Le sourd, although easy for some critics to brush off as too slow, too ‘european’ is the kind of movie that goes on living in your memory. (…)

Mireille Dansereau’s Le sourd dans la ville has its flaws. For example, Ginette Bellavance’s minimalist music tends toward your classic heavy art-film score, and some of Dansereau’s images and symbols recur too often, too insistently. However, none of this can explain why the picture hasn’t received, in this country, the attention it deserves. Le sourd did not get a single Genie nomination, while at the Venise Film Festival, it shared an award with Louis Malle,s Au revoir les enfants. Maybe the members of the Academy would have been more sympathetic if Florence had shot an elephant.

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Gérard Grugeau

Le sourd dans la ville de Mireille Dansereau est un beau film aux multiples résonances poétiques, qui se nourrit du sentiment tragique de l’existence humaine. L’amour et la mort, l’art et la vie y forment un théâtre d’ombres et de lumières où se débat une humanité en proie au vertige. De par leur universalité et la sensibilité de leur traitement à l’écran, ces thèmes attestent de la puissance visionnaire de l’oeuvre du même titre de Marie-Claire Blais, dont le film est tiré (…).

Qualifié à sa sortie de « monologue polyphonique où s’entrecroisent les discours intérieurs de chaque personnage », Le sourd dans la ville a dû présenter de grandes difficultés d’adaptation cinématographique. D’où le judicieux parti-pris de mise en scène de Mireille Dansereau visant à construire la structure narrative du film sur les regards (…).

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LE FRÈRE ANDRÉ

 

UN PAYS À COMPRENDRE

GERMAINE GUÉVREMONT

L'ARRACHE-COEUR

FAMILLE ET VARIATIONS

RAPPELLE-TOI

LE PÈRE IDÉAL

J'ME MARIE, J'ME MARIE PAS

LA VIE RÊVÉE

  • Jean M. White The Washington Post September 22th 1973Women as Sex SubjectsIn movies showing the adventures of early sex, we almost always have had the story of the young man : his fears, his curiosity, his experimentation, his failures, his conquests, his stag talk with buddies. The young woman has been the object, seldom the subject of such films.

Now in Dream Life, showing during the Women’s Film Festival today at the Janus II, Mireille Dansereau, a canadian filmmaker, focuses on what two young women think and feel. The film delightfully proves that young women are not just objects for young men to make their discoveries of sex. Young women also make discoveries.

(…) Without shouting it, the film also makes its points for the women’s liberation movement. The boss who tells one of the young women that he can’t renew her contract says consolingly : « I’m sure a girl like you will find a husband. » The mother, who serves a sugar pie, is a woman who listened, never said a word, and « never thought of herself. »

There are some striking scenes of fantasy. There also are some striking scenes of reality – putting on makeup and looking in the mirror after arriving at work late and in a rush.

When the reality overtakes fantasy, and the married man is finally manoeuvered into bed, he cannot live up to the dream-life image.

But there is no bitter disappointment. Now the young woman is free to plan a vacation, to seek other loves and joys in the exuberance of her youthful life.

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Kay Armatage

I had heard of La Vie Rêvée long before I saw it, and I expected a raunchy, semi-exploitation film about adolescent girls’ sexual fantasies. When I finally saw it, I was surprised to see a cinema-conscious movie using a variety of styles (cinema verite, fantasy, arty camera work) to tell a story of a friendship between two women who fantasize a shared relationship with an ‘ideal man’.

There is some female nudity, but it is not exploitative, and it points out the women’s easy attitudes towards their bodies : in the locker room at the swimming pool, an older woman hiding around the corner and a child holding a towel in her teeth to dress are contrasted with Isabelle and Virginie’s casual towelling off. The voyeuristic, voluptuous skin shots are of a man, when he, naked, runs hand in hand with the clothed women, in a satirical fantasy sequence backed by the theme from A Man and a Woman, or when the camera caresses his chest and shoulder in a parody of men’s skin movies.

(…) La Vie Rêvée also shows the double oppression of women in Quebec, when Isabelle is fired from her job at the film company. Her English-Canadian boss tries to tell her gently in his halting French, but he finally gets lazy and says in English that she shouldn’t be too upset about it : a pretty young girl doesn’t need a career since she can easily find a man who’ll take care of her. In her anguish, Isabelle runs to the office where Virginie sits endlessly colouring animation cells, and then keeps on running into an open field.

For Isabelle and Virginie, their fantasies are over and, strengthened by their friendship and solidarity, they’re ready to tackle real life. The problems of achieving liberation are just beginning but, as Dansereau says, that’s another film. For Mireille Dansereau the completion of the film is a successful political act : she’s the first woman to make a feature film in Quebec ( and the first to use super-16), and making this film has established her political identity. Before La Vie Rêvée, she thought of herself as ‘an international human being.’ Now she knows she has a country, a sex, and a job : she’s Mireille Dansereau, Quebec woman filmmaker – and a creator of a competent, witty, energetic, thoughtful, and immensely satisfying film.

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Micheline Victor Time Out May 18th 1973

Well, here we finally are : La Vie Rêvée is a film about sexism and woman’s liberation which is ideologically clear and cohesive, uncompromising, and a well-made, imaginative feature as well.

(…) Filmed as punctuated story – with narrative, fantasy, flashback and slow-motion, it’s a superbly rounded and sensual presentation of ideas.

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Tom McSorley Take One December 2003 – March 2004 p. 26

The Beginnings of the Beginnings : Canada’s Top 10 Fiction Features Films Debuts since 1968 Number 7 : La Vie Rêvée

The first independent feature film directed by a woman in Quebec, La Vie Rêvée is Mireille Dansereau’s cinematic declaration of independence for Québécoise women, long marginalized in the province’s culture and politics, both before and after the Quiet Revolution. Isabelle and Virginie are two twentysomethings who actively reject mass media images of their gender and who, in a series of real and imagined encounters, take control of their destiny. Daring in both style and substance, La Vie Rêvée’ arresting drama of the getting of wisdom mixes sex and semiotics, and cleverly re-imagines contemporary gender relations to be, to invoke a famous Québécois phrase, a form of « sovereignty- association. ».

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Martyn Auty Monthly Film Bulletin No. 537 – October 1978

The appropriateness of a film studio setting as a point of departure for a movie about women’s self-realisation underlines Mireillle Dansereau’s own status as a réalisateur confronting the sexism of image-mongering.

Through playful camerawork (impromptu hand-held scenes, zip-pans between talking heads, use of photomontage), and disarming reversals of narrative expectations, she defuses the sexploitation fantasies that appear to constitute the output of the fictional studio. Similarly, in attempting to provoke their dreams to come to life (in order to overcome their influence), the two women pose a challenge to the fantasy–factories (principally cinema) to deliver the goods. Thus Isabelle and Virginie’s naked déjeuner sur l’herbe in a cemetery fails to produce the ‘dream lover’ who would complete the sexist-romantic image; Isabelle’s classic Freudian fantasy remains unfulfilled; and when she does conjure Jean-Jacques in one soft-focus dream sequence, he is simply seen from behind, walking away through the fields followed by the two women.

When Isabelle breaks the spell by confronting Jean-Jacques directly with her desire, Dansereau, with typical irony, chooses to present the scene of their meeting and love-making in rapid photo-montage, echoing her intermittent use of glossy magazine images as ‘received’ fantasies. In literally laying the ghost of her imaginings, Isabelle releases herself and her friend from the grip of an oppressive fantasy, and provides a genuinely liberating experience for twin-protagonists and audience alike.

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COMPROMISE

MOI, UN JOUR

LES ARTS À L’EXPO

Première d’un film Canadien

“Moi, un jour .. . “,  film réalisé par Mireille Dansereau avec I’aide de I’ONF tente d« penetrer Ie monde exterieur d’une adolescente et traite des ses réactions viv à vis son milieu, ses parents et ses amis. Ce film tourné sur une des plus belles rues de Montréal, juchée en pleine montagne, fait la critique d’une certaine classe privilégiée, celle qui est si confortablement assise dans la richesse et ignore tout des problèmes du petit-quotidien de la plupart des gens. Le rôle principal interprété par Danielle Marcil, jeune danseuse qui se destine à une carrière de ballet au sein des Grands Ballets Canadiens. On compte aussi dans la distribution: Louis Aubert, Isabelle Claude, René Bail, Jean Leclerc, Rachel Cailhiers et Élisabeth Lesieur. La musique est de Fernand Gagnon et les images d’Yves Langlois. Le film est tourné en 16mm, en noir et blanc. “Moi un jour…” sera présenté en première au Cinéma-théâtre  du Pavillon de la jeunesse ce soir à minuit. On peut se procurer des laissez-passer à partir de 3 h. au comptoir d’information, à l’entrée du Pavillon. Tous les spectacles sont gratuits au Pavillon de la Jeunesse.